INTERPOL – C’est à 21h00 que Interpol entre sur la scène de la minuscule Boule Noire (Paris 18) remplie à craquer. Dans la salle, trentenaires à frange collée sur le front, Français, Américains (étrangement nombreux) et nouvelle génération: ceux qui ont 20 ou 25 ans et qui aiment le groupe new-yorkais sans avoir forcément eu droit à l’héritage Joy Division, Smiths et Cure. A ce propos, on constatera finalement, au fur et à mesure de ce concert magique, tendu, sexué, bouillant, que Interpol est finalement très différent des groupes pré-cités. Exit le dandysme anglais, noyée la neurasthénie, Interpol est un gros pétard à la mèche longue: ça met le temps qu’il faut, mais quand ça explose, ça fait beaucoup de (joli) bruit. Aimables comme des portes de prison, les cinq membres du groupe jouent les titres du 1er opus, Turn on the Bright Lights en accélérant le tempo, balançant un PDA sous amphet’ devant une foule gonflée à bloc, et excluant toute possibilité de dialogue entre les titres (« Merci. »). Antics, qui sortira le 27 septembre, est aussi à l’honneur avec Not Even Jail ou Slow Hands, single qui porte mal son nom vu la rapidité d’exécution (« Mais c’est un concert punk en fait? Il est où le côté branchouille hyper arty?? »). Paul Banks (l’homme à la voix gutturale) a de la classe, les quatre autres aussi. Chemises sombres (excepté le clavier qui a préféré un orange fluo du meilleur goût), cravates rouges, les talentueux Interpol ont sûrement plus été élevés aux Smiths et à Noam Chomsky qu’à la bière et aux Sex Pistols… Mais comme l’esprit est véritablement là, ils exécutent du coup un concert spontané, brut, aux guitares abrasives et sales, aux basses chaudes et puissantes (le bassiste a d’ailleurs la bougeotte). Un set expéditif mais généreux, peu prolixe mais intense. Et l’on ressort de la salle comme une quille qui tremble encore d’avoir été percutée par la Boule Noire. L’un des plus grands groupes de rock du monde? Strike pour Interpol.