JEFF MILLS VS FRITZ LANG – En 1926, quand Metropolis, le chef d’oeuvre d’anticipation de Fritz Lang, passait en salle, c’était un pianiste en chair et en os qui accompagnait la pellicule. Signe des temps, en l’an 2000, c’est Jeff Mills qui s’y colle. Déflorée en avant-première vendredi dernier à Beaubourg (Paris), cette oeuvre du « chirurgien » de Chicago, si elle surprend les habitués des galettes hard Techno distillées par le maître, ne devrait en revanche pas déconcerter ceux qui le connaissent bien. Si l’on se remémore la problématique du film (une poignée de privilégiés puants utilise des machines pour dompter le monde, lesquelles machines se retournent contre leurs créateurs), la date et le lieu de l’action (l’an 2000 à Berlin, ville d’adoption de Jeff Mills), la connotation marxiste du film ainsi que l’extraordinaire actualité des déviances qu’il dénonce, on se dit que cette BO devait nécessairement être écrite par Jeff Mills. Et il l’a fait: après avoir obtenu l’autorisation des ayants-droits. Il a découpé le film en 8 séquences significatives sur lesquelles il a plaqué 8 musiques différentes, toutes reliées entre elles et oscillant entre le binaire le plus basique et l’ambient la plus stratosphérique. Un voyage entre technologie et poésie, en quelque sorte. Que l’on se rassure: pour ceux qui n’auront pas la chance d’assister à la performance de Jeff Mills, cette digression sera également disponible dès le 16 octobre en version audio via Tresor, l’intransigeante écurie berlinoise. A bon entendeur…