JUSTICE – Le dernier clip de Justice, Stress, mettant en scène des jeunes s’adonnant à des scènes de violence dans la rue, avait suscité les réactions les plus passionnées il y a quelques semaines. Son réalisateur, Romain Gavras, du collectif Kourtrajmé, a tenu à s’exprimer dans un interview accordée au Monde 2. Il balaye d’emblée les accusations de racisme, précisant qu’il travaille lui-même au sein d’un groupe de 28 nationalités. « Je ne vois vraiment pas ce qui pourrait pousser au racisme dans cette fiction. Car c’en est une : tout est joué. Que des Noirs aient tourné dedans ? C’est quand même très court comme raisonnement ! J’ai sans doute plus de respect pour l’intelligence du public, des jeunes en particulier, que mes détracteurs », précise-t-il. Reconnaissant que son clip peut être dur à visionner, il indique qu’il souhaite faire réfléchir le spectateur avec cette oeuvre, qu’il reconnaît dérangeante par certains aspects : « Mes images sont dures à supporter parce qu’elles ne comportent pas d’avertissement du style : la violence, ce n’est pas bien (…). J’ai envie que les gens le voient et, une fois passée l’émotion de la première vision, qu’ils le décortiquent, l’interprètent à leur manière ». Romain Gavras assume totalement ce clip et tient à garder son intégrité d’artiste tout en revendiquant une liberté de ton si rare de nos jours à son goût. « On m’a accusé d’alimenter les fantasmes… J’ai plutôt l’impression d’avoir placé les spectateurs face à leurs propres ambiguïtés, ce qui les met forcément mal à l’aise. S’ils ont peur… Mon métier d’artiste ne consiste pas à les rassurer. Mon film n’est pas évident, c’est, à mon sens, ce qui le rend intéressant ».