KRAFTWERK – Après Bowie mercredi 25/09 au Zénith, c’était jeudi soir au tour d’un autre pachyderme de la culture pop, Kraftwerk, 31 printemps, de faire résonner les cages thoraciques de ses fans et des habituels beautiful people. Pour résumer les présentations, Kraftwerk, quasi absent de l’actualité depuis 15 ans, est tout simplement le point de départ et la pierre angulaire de 25 années de culture Techno et hip-hop (Planet Rock de Afrika Bambaataa et son sample de Trans-Europe Express comptant parmi les 5 morceaux les plus importants de l’histoire du rap). Bien que complète depuis plus de 2 mois, la Cité de la Musique (Paris), chef-d’oeuvre d’architecture contemporaine, a cette vertu rare de n’accueillir en son sein que le nombre de spectateurs maximum autorisant une écoute optimale. Et c’est peu de le dire… A minuit et quelques minutes, les membranes des baffles entrent en transe, le lourd rideau noir se lève sur la scène; et là, plantés comme des colonnes de Buren devant leur pupitre, affublés de spencers et de pantalons noirs moulants, quatre spationautes rescapés de la Planète Interdite scrutent leurs ordinateurs portables. Impassibles. Robots, hymne implacable, ouvre le bal synthétique, suivi d’un grand écart de plus de 20 ans avec l’interprétation musclée de Expo 2000. Tandis que le mur d’images, entre logo art, retro-futurisme, art naïf, 3D et images d’archive, achève le travail de séduction des ondes sonores. La magie est irrésistible; l’emprise totale. Autobanh, Man Machine, Trans-Europe Express, Pocket Calculator, Tour de France, Radioactivity, Boing Boom Tschak… Les « tubes » s’enchaînent comme autant de modèles sortis des usines Mercedes: soignés, racés, volontiers désuets, toujours uniques, à jamais inégalables. Et plus les sinusoïdes s’immiscent dans nos cerveaux, plus on se dit que tout ce qui allait être fait dans les années 80 et 90 en matière d’électronique dansante était déjà là, à l’état de pépites. De Depeche Mode à Aphex Twin, en passant par les Daft Punk, Chemical Brothers, Mad Mike, Air, Underworld et les maçons du revival electro, aucun ne semble avoir fait plus que de creuser le sillon tracé par ces quatre Nostradamus modernes, par ailleurs concernés par tout ce qui a rapport avec la relation homme-machine: le nucléaire, la robotisation, la surveillance électronique, la domotique, les bases de données… Bref! Le quatuor allemand a été à la hauteur de son mythe! A l’instar de David « Dorian Gray » Bowie, le temps ne semble pas avoir eu d’emprise sur lui. Pas plus que sur nous, au moins le temps du concert… Pour que le tour de force soit complet, et l’immortalité indiscutable, ne manque cette fois qu’une édition de ce live en Dvd. A bon entendeur…