LILI BONICHE – Et on s’en réjouit tellement ce live enregistré le 10 juin dernier nous montre qu’à soixante dix huit ans, Lili Boniche est toujours le plus frais de nos chanteurs juifs algériens au moment où ses confrères ont disparu on ne sait où. Certes, le goût des Français pour la musique arabo-andalouse ne date pas d’hier et la jeune génération s’est depuis quelques années entichée des mélanges musique arabe rock de Rachid Taha ou musique arabo-égyptienne Techno de Natacha Atlas (plus de cent mille exemplaires de son album « Gedida » se sont vendus sur la foi du single « Mon amie la rose »). Mais au pays des métissages, Lili Boniche est un roi. C’est en effet dès les années trente qu’il réussissait avec des mélanges de tango, flamenco et paso doble en francarabe (langue très personnelle où il introduisait des phrases en arabe dans des chansons aux textes français et vice versa). En concert, Lili Boniche est un maître. Alternant soli de luth et de guitare (« Sberne le tehen ») et tango chaloupé (« Ektebli »), il parvient à satisfaire son public entier tant sa maîtrise des styles est remarquable. Et il modernise ainsi des standards que tout le monde a écouté à un mariage, chez un oncle ou chez une grand-mère qui était allé là-bas avant les « événements ». Ah ! si les cours d’histoire sur les colonies pouvait être illustrés par ce live de Lili Boniche, bien peu d’élèves s’y endormiraient…