MARILYN MANSON – Le 14 septembre, le Lutetia, grand hôtel Art Nouveau de la rive gauche, a accueilli dans un salon privé d’envergure toute une clique de gothiques avertis, de VIP (si on veut), des gens de la profession et des pique-assiettes (l’un n’exclut pas l’autre) pour un vernissage ambiance bavaroise post moderne. Montez les marches de cet escalier anodin, franchissez alors un pas de porte comme tant d’autres, mais cette fois, tombez nez-à-nez avec Marilyn Manson, l’hôte resplendissant de cette sauterie picturale. Monsieur expose ses oeuvres dans un cadre sur mesure. De la peinture à l’eau qui distille ses angoisses, écartèle nos frayeurs et nourrit nos fantasmes mansoniens. Francis Bacon, dans un coin, doit méditer sur ses embryons de descendance décadente. Prix moyen affiché: 30 000 dollars. Le champagne servi à flot concentre l’attention autour d’un buffet pantagruélique. Le chancre de l’Amérique pudibonde déambule, son approche est risquée tant le cordon de sécurité qui l’entoure applique à la lettre, les consignes d’usage. Il est bien là, comme une bête de foire inoffensive, mais l’honneur et la bienséance veulent qu’on l’observe furtivement du bout de l’oeil. L’excitation voyeuse dissolue dans les vapeurs d’alcool, il est temps de reprendre le cours normal des choses. En rentrant chez soi, on jette un coup d’oeil à sa discothèque afin de s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un sosie. Puis on prépare religieusement une K7 vierge, utile à l’enregistrement de son interview exclusive qu’il a concédée à l’équipe du JDM…