SAMAHA EN E-TERVIEW – De Cannes, où elle séjournait à l’occasion de l’anniversaire d’une amie, la resplendissante Samaha a eu la gentillesse de nous accorder une interview avant de reprendre l’avion pour Paris. Gros plan sur cette jeune chanteuse très souriante, histoire de faire plus ample connaissance. Dans ta jeunesse, tu as baigné dans un milieu musical. Ton père t’a initié à Sammy Davis et Aretha Franklin. Est-ce que tu te sens encore influencée par ces artistes? Et quelles sont tes autres influences? En fait, y’a plein de choses que j’aime sans être vraiment influencée. Par exemple, je ne suis pas influencée par Aretha Franklin et Sammy Davis. En général, j’aime des chanteurs beaucoup plus actuels comme De Palmas, Alanis Morissette, Skunk Anansie. Mes goûts sont éclectiques. Je connais des trucs dans le rock, le rap et même le hard (rires)… Je peux aimer un truc sans vouloir pour autant faire la même chose. Je fais ce qui me ressemble. Il faut que ce soit proche de moi avant tout. Mes références sont donc personnelles. Sur l’album, y’ a des ambiances piano-voix. J’aime beaucoup Tori Amos. J’avais peut-être le désir de retrouver ce genre d’ambiance. J’adore Michael Jackson, Madonna, Prince et Texas mais ça ne ressemble pas vraiment à ce que je fais. Quand tu étais une petite fille, bien avant d’aller au conservatoire, as-tu envisagé une autre voie que la musique? Oui, j’avais envie d’être bonne soeur. C’était ça ou la musique. Mais je me suis rendue compte que la foi, on peut l’avoir dans tous les domaines. Etre bonne soeur et faire de la musique, ça se ressemble. J’ai une envie de partager et je me retrouve dans la musique. Et en plus, si j’ai du succès, j’aurai les moyens pour être utile aux autres. Ton album fait beaucoup référence à la pop et à la soul. Comment définirais-tu ta musique? Pop rock. Enfin, c’est ce que les gens disent. J’aime beaucoup la guitare acoustique et la guitare électrique alors les gens appellent ça pop rock. Je fais d’abord la musique que j’ai envie de faire avec mon compositeur Daniel Lafforgue. J’avais envie d’un mélange de guitares acoustiques et de boîtes à rythmes, un mélange électro acoustique. C’est du pop rock bizarre (rires)… C’est tellement spontané et intuitif qu’on n’a pas chercher à intellectualiser le truc. Apparemment, tu écris souvent les paroles d’abord en anglais et tu les adaptes en français. Ne penses-tu pas que l’anglais serait peut-être plus adapté à ton style? Avant, je n’écrivais qu’en anglais. A partir du moment où j’ai décidé d’écrire en français, j’ai trouvé que ça allait aussi bien. J’ai autant de plaisir à chanter dans les 2 langues mais y’a des chansons qui passent mieux avec l’une ou l’autre. L’anglais est ma langue maternelle. C’est une histoire de coeur. A la maison, les joies et les peines, c’était en anglais. Du coup, mes textes personnels sont naturellement en anglais. J’ai pas à me forcer. J’écrivais des poésies en français mais écrire une chanson en français, ça a été un défi. Mais plus j’écrivais en français et plus j’avais de plaisir. Aujourd’hui, je peux écrire un texte en français puis l’adapter en anglais. De toute façon, ce sont mes 2 langues maternelles donc c’est pareil. Pour ton album, tu es partie enregistrer à Los Angeles. Pourquoi cette ville? On voulait produire l’album avec quelqu’un mais on ne savait pas qui. On avait aucune idée pour un producteur car, Daniel Lafforgue et moi, on s’était enfermé depuis longtemps chez nous pour travailler. On s’était un peu désociabilisé (rires)… La maison de disques nous a proposé Carmen Rizzo qui a produit Seal, Alanis Morissette, les Rolling Stones. C’est pas mal et ça ressemblait à ce qu’on voulait. Il était aux Etats-Unis. Il avait son équipe de musiciens et, nous, on en avait pas. On s’est dit « pourquoi pas ? « . En plus, il avait un CV sympathique donc on a pas refusé. C’était plus simple d’aller là-bas car ça aurait été trop cher de faire venir tout le monde en France. Tu as 27 ans. Tu sors ton premier album. En général, à 27 ans, les artistes en sont déjà à leur deuxième voire troisième album. Est-ce que ça a été un choix d’attendre aussi longtemps? As-tu été déjà sollicitée auparavant? Effectivement, j’ai eu déjà des propositions. Mais c’est la première fois que quelqu’un écrivait pour moi. Avant, je ne m’y retrouvais pas. J’ai travaillé sur différents projets. Avec Daniel, j’ai trouvé mon univers et je me suis sentie prête à démarcher les maisons de disques. J’en suis fière. Ca a pris du temps mais ça valait la peine d’attendre. J’ai attendu pour faire un truc qui me ressemble. On travaille depuis 7 ans ensemble et, aujourd’hui, on est vraiment fier de nous-mêmes. Dans tes chansons, tu es tantôt légère, tantôt grave. Tu parles des problèmes de préjugés, de violences, de personnes qui ont pris la grosse tête. Tu t’exprimes souvent à la première personne. Qu’est-ce qui t’inspire en règle générale? Je m’inspire de la vie et de ma vie. Mes inspirations sont diverses. Dans Exilez-Moi, je parle de choses que j’ai vécues de près. J’ai connu des gens qui ont été mal jugés. J’ai trouvé ça tellement grave que j’avais envie d’en parler. Apporter une sorte de témoignage. Je fais des chansons témoignage, d’amour et plus personnelles. Pour le single Qu’Est-Ce Qui t’Arrive Encore?, je raconte l’histoire d’une amie qui a chuté dans l’alcool. Je parle de mon impuissance vis-à-vis de la situation. Aujourd’hui, elle n’est plus là. Donc, c’est toujours personnel, toujours lié à la vie. Le métissage influence aussi ma façon d’écrire parce que le fait d’avoir plein d’origines, ça a créé un manque de repères. J’ai le sentiment que je viens de nulle part. Ca se ressent dans mes textes. Le single Qu’Est-ce Qui t’Arrive Encore? commence à passer à la radio. Est-ce que tu sens que les choses changent autour de toi? Je sens un léger vrombissement. Je sais que des gens essaient de me contacter. J’ai des petites émissions à faire. Mais, ça ne me touche pas énormément. C’est encore trop tôt mais j’ai de bons échos. Quels sont tes projets pour l’avenir? Est-ce que tu as une idée de la carrière que tu veux faire? J’ai envie de faire de la scène avant tout. J’en ai déjà fait. C’étaient des petites scènes. J’ai pris beaucoup de plaisir. J’ai toujours fait de la scène depuis que je suis petite. J’aime le contact direct avec les gens, être proche d’eux. Je veux bien sûr faire d’autres albums. En fait, plus je m’exprime, plus je suis contente et plus je suis heureuse (rires)… Comment te vois-tu dans 10 ans? Très bonne question. Vieille et ridée (rires)! Honnêtement, je ne sais pas. J’ai du mal à me projeter. J’irai où la vie m’amène. Si j’arrive déjà à gérer aujourd’hui, c’est un grand pas. Propos recueillis par David Héry