JOE STRUMMER – Alors que l’on attend toujours une date de sortie pour l’album solo qu’il prépare, Joe Strummer (ex-Clash) vient d’annoncer 14 dates avec son nouveau groupe, The Mescaleros, avec qui il peaufine actuellement les premiers enregistrements studio. Nous avions été avertis de leur participation au Tibetan Freedom Concert les 12 et 13 juin et au festival de Glastonbury le 26. Mais les nouveaux habitants de la Casbah n’en sont pas retés là: les Mescaleros nous fixent 12 autres rendez-vous: à Liverpool le 6 juin, Glasgow le 7, Portsmouth le 9, paris le 14, Bruxelles le 16, Hambourg le 17, Dublin le 22 et Belfast le 23 avant de s’envoler pour le Nouveau Monde. Joe Strummer a également révélé qu’en plus des nouveaux morceaux du groupe, il y jouerait quelques vieux Clash qui lui tiennent à coeur, dont « London Calling », « Rock The Casbah » et « White Man in Hammersmith Palais ». The Mescaleros, composé de l’ex-multiinstrumentiste de Black Grape, Martin Slattery et de Scott Shields à la basse, Anthony Genn aux claviers, Smiley aux fûts et Pablo Cook aux percus, sortira son premier disque en septembre, probablement sur le label de Strummer, Casbah Records. Et sera précédé du single « Yalla Yalla » fin juin. Quant au projet solo de Strummer, nous devrons encore attendre. Si ses essais aux platines aux côtés de l’ex-Happy Mondays Bez se sont montrés concluants, les enregistrements qu’ils ont couchés ensemble au printemps dernier n’ont toujours pas été finalisés; et l’on attend toujours qu’une date de sortie soit avancée. Enfin, nostalgiques des Clash, sachez que les deux anciens membres Mick Jones et Paul Simenon travaille d’arrache-pied sur l’album-live du groupe qu’Epic, la maison de disque, a prévu sortir cet automne. Joe Strummer a précisé qu’il sera composé d’extraits de huit à dix lives différents.

LO FIDELITY ALL STARS – On peut ne pas aimer le big beat et adorer ce mix. Les Lo Fidelity All Stars, l’un des groupes Skint les plus connus, se sont prétés au jeu des soirées « Big Beat Boutique » de Brighton (et maintenant Londres) en livrant un set ouvert, festif, bruyant et bordélique. La tendance du moment Outre-Manche est d’ailleurs à l’ouverture, les gens en ayant marre d’aller dans des soirées axées uniquement autour d’un unique genre musical. Parlons-en, d’ouverture, puisque le disque s’ouvre sur l’ultra classique « No Diggity » de Blackstreet, qu’on a toujours plaisir à réécouter. Tout le début est une succession de bons titres de rap/funk old-school, avec des compos signées Boogie Down Productions, Trouble Funk ou Runaways. Les beats restent, mais le son prend une tournure plus festive avec un vieux Jungle Brothers, un Rythmes Digitales qui passe par là pour nous projeter dans une séquence electro (Stakka, Space Raiders) qui va progressivement dériver funk (l’extraordinaire « 20 seconds.. » de Silver Bullet) et house (Van Helden, jackson & His Computer Band) pour en arriver au premier morceau des Lo-Fi de ce mix (l’ultra groovy « Many Tentacles Pimping on a Key »). Après une énorme montée, l’humour fait son apparition lors d’une petite série soul music (Felice Taylor, The Tams), pour repartir de plus belle dans le bourrin en nous faisant redécouvrir le « Out of Space » qui nous a révélé Prodigy il y a quelques années. « On the Floor at the Boutique » s’inscrit dans la lignée des mix de Prodigy, Fat Boy Slim ou Chemical Brothers sortis cette année. Funky jusqu’à la couenne, c’est un disque sans prétention, parfait pour une soirée agitée. Il révèle juste un fait singulier: Est ce qu’on écoute vraiment du big beat dans les soirées big beat? Mystêre…

RAWKUS RECORDS – Si vous suivez l’actualité du hip hop US, vous avez surement entendu parler du label Rawkus. Ca fait maintenant quelques années que cette structure se fait remarquer en sortant des disques d’une rare classe, dans un pur style new yorkais. Les artistes Rawkus les plus notoires sont Company Flow, Black Star et Mos Def, des noms que vous ne verrez jamais à côté d’un Puff Daddy ou autres financiers du rap. Le hip hop façon Rawkus est sans concession et possède quelque chose de new yorkais difficilement définissable. A force de persévérance la galaxie Rawkus a attiré à elle bon nombre d’artistes qu’on retrouve sur d’autres labels. Ainsi, « Soundbombing Vol II », mixé par les Beat Junkies, regroupe quelques noms prestigieux venus pousser la rime le temps d’un morceau: Eminem sur « Any Man », Prince Paul, Kid Capri, Marley Marl et Pete Rock sur « 7 XL », Bahamadia, Q-Tip… Fait rare: Il n’y a aucun morceau à jeter sur cette compilation qui présente une grande homogénéité malgré la diversité des artistes qui la composent. On retiendra au milieu de tant de talents, le « B-boy Document 99 » de the High & Mighty, le très funky « Crosstown Beef » de Medina Green, le groove collant de « 7XL » avec Sir Menelik, Grand Pubba, Sadat X, Marley Marl et Pete Rock, « Chaos » de Reflection Eternal sur lequel la rappeuse Bahamadia apporte sa voix sensuelle, « Patriotism » par Company Flow, décidemment le groupe le plus étrange de New York et, pour finir, l’ultra sensuel 1-9-9-9 de Common avec Sadat X. Les basses énormes rivalisent avec des beats massifs. Outre les fameux MCs détaillés plus haut, c’est le travail des différents producteurs présents sur Soundbombing qu’il faut saluer: DJ Spinna, Lee Stone, Dj Hi-Tek, les Beat Junkies et les autres sont des noms sur lesquels il va falloir compter à l’avenir. Pour vous faire une idée, nous mettons à votre disposition quatre extraits musicaux. Après ça, vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas.

MR SCRUFF – Mr Scruff pratique la musique comme une distraction, mais il le fait avec brio. « Keep it unreal » est l’aboutissement d’une série interminable de maxis et de remixes commis sur plus de 25 labels différents. Inclassables, ses morceaux vont du dub à la house, avec une influence hip hop omniprésente. Et oui, on n’atterrit pas chez Ninja Tune par hasard… L’une de ses caractéristiques, et ce n’est pas la moindre, est l’innocence. Il n’y a rien de putassier, de racoleur ou d’opportuniste dans les morceaux du mancunien. Tous possèdent une énergie et un naturel désarmants qui les rendent inclassables. L’album couvre une large palette sonore, du très housey « Cheeky » ou « Get a move on », à la drum’n’bass de « Do you hear » en passant par les petites bombes hip hop que sont « Spandex Man », « Jus Jus », « Blackpool Roll » ou « Chipmunk ». A chaque fois, ce n’est pas une copie, mais une vision originale de chacun de ces genres qui nous est livrée, avec toujours le petit son qui vous colle un large sourire sur le visage. Les compositions sont souvent très simples: Quelques samples, une voix ou un instrument live de temps à autre. Cela qui n’empêche pas les morceaux de Mr Scruff d’être fins, au contaire. Plein de surprises, c’est un disque à découvrir de toute urgence car ce mec-là à le potentiel pour aller très loin s’il s’en donne les moyens. On vous aura prévenus!

DES’REE – Jackpot pour Des Ree: Après les Brit Awards, la suave anglaise vient de rafler la palme des World Music Awards, cérémonie gratinée couronnant les artistes les plus vendeurs. « Life » est décidemment la poule aux oeufs d’or pour Des Ree: Ressorti en Angleterre pour illustrer une publicité, il s’est payé une seconde jeunesse en repointant le bout de son nez dans le top 10 britton. Il était donc logique que la princesse soul soit honorée lors de la cérémonie des World Music Awards qui se tenait le 5 mai dernier à Monte Carlo. Imaginez le décor: Le Prince Albert de Monaco et Pamela Anderson, main dans la main pour récompenser ces gens qui font du bien à l’industrie du disque. « And the winner is…. » l’artiste britannique qui a vendu le plus cette année, Des Ree. Il faut dire qu’elle a bénéficié d’un enchainement de circonstance assez décisif: « You gotta be », son premier gros succès, a été choisi pour figurer sur l’album-hommage à Lady Di, puis il y a eu la réédition de « Life » et « What’s your sign », extrait de son album « Supernatural », a connu la gloire à son tour. Côté nouveau projets, Des Ree vient d’enregistrer « Ain’t no Sunshine » avec un groupe vocal sud-africain appelé « Ladysmith Black Mambazo ». Le titre figurera sur l’album de ces derniers. Sinon, les autres lauréats des WMA étaient the Corrs, Lauryn Hill, Will Smith et Ricky Martin. Que du beau linge!

OCTAGON & SHADOW – Deux maitres du hip hop US reviennent sous une nouvelle identité ce mois-ci: Kool Keith, alias Dr Octagon, devient Dr Doom Pebblestone et Dj Shadow s’est mué en Quannum. Explications. Si vous ne l’avez pas noté, le point commun entre les deux est le label Mo’Wax, en sérieux balottage ces temps-ci. Côté East Coast, Kool Keith, anciens des Ultamagnetic MC’s, n’empruntera donc plus le pseudo de Dr Octagon. Restant dans le registre médico-loufoque, il efectue son come-back à la fin du mois sous l’appellation Dr Doom Pebblestone. « First come, first served » paraitra chez Funky Ass records aux US. A quelques heures d’avion, à San Francisco, le virtuose des platines Dj Shadow se lance dans le projet Quannum. Fini UNKLE pour le moment, Quannum est résolument plus hip hop, mais peut faire aussi mal. Shadow s’est associé à ses comparses de l’excellent label Solesides, en l’occurence Blackalicious et Latyrx. Tous deux d’origines philippines, le premier est le groupe de Chief X-Cel, boss de Solesides, et le second regroupe Lateef et Lyrics Born, MC’s évoluant dans un registre original et au dessus du lot sur le marché rap US. Le premier single, « The Extravaganza », sort le 7 juin. L’album, « Spectrum », à paraitre le 5 juillet, à comme quests d’exception des membres de Jurassic 5 et El-P de Company Flow. De quoi nous mettre l’eau à la bouche.

JUNGLE BROTHERS – VIP (Very Important Party), le nouveau Jungle Brothers, est prévu pour le 14/06. Co-produit par Alex Gifford des Proppellerheads, il s’aventure en dehors du hip hop « classique ». Les Jungle Brothers n’en sont pas à leur premier flirt avec l’électronique puisqu’ils s’y étaient frotté au début des années 90 avec « I’ll house you ». Petit bijou de house rappée, il dénotait déja de l’ouverture d’esprit des new yorkais. Les « JeeBeez » ont rencontré Alex Gifford lors de l’enregistrement de « Decks & Drums & Rock’n’Roll », premier album des Propellerheads sur lequel ils sont venus poser quelques rimes. Puis les deux formations ont eu l’occasion de se cotoyer une nouvelle fois au dernier Tibetan Freedom Concert. Vous vous en douterez, les talents de producteur de Gifford et son amour immodéré pour le bon vieux hip hop ne sont pas non plus étrangers à leur collaboration. L’anglais met en ce moment même la main à la pâte pour les dernières finitions de V.I.P. dans le studio de Loyd Cole à New York. Les tempos se balladent entre 85 et 180 BPM, ce qui veut dire entre le hip hop et probablement la jungle. Côté collaborations, les noms de Black Eyed Peas et des Holmes brothers circulent. Alex Gifford s’est lui même essayé aux joies du rap sur « Down with Jbeez ». Le premier single à paraitre sortira le 31 mai. C’est une reprise du générique de la série TV « I dream of Jeannie ». Bientôt la suite…

COLDCUT – Mauvaise nouvelle pour les auditeurs anglais, bonne nouvelle pour les internautes: Coldcut, qui a abandonné son show « Solid Steel » sur Kiss FM, a décidé de le poursuivre sur internet. La station londonienne, assez commerciale dans l’ensemble, était connue pour proposer des mixes en soirée. Le « Solid Steel » de Coldcut était parmi les plus connus. Deux décisions ont poussé Matt Black et Jonathan Moore a partir: Tout d’abord, l’heure impossible à laquelle leur show a été programmé (le mardi vers 1h du matin). Et surtout, les deux Ninja Tune réagissent, avec d’autres animateurs, car Kiss FM a décidé de remplacer une partie des DJ par une programmation informatique, moins onéreuse il est vrai. Bref, le « Solid Steel » se retrouve surwww.ninjatune.net, ce qui fait qu’on pourra les entendre hors d’Angleterre.

COLLECTIF RAP – ?uestlove, co-fondateur et batteur de the Roots, vient de rassembler une « dream team » inespérée: Q-Tip, Outkast, Erykah Badu, Lauryn Hill, De la Soul, Common Ground, D’Angelo et Black Star. D’après le Roots, cette collaboration se fait en réaction à la pratique courante qui vise à rassembler une pléthore de stars pour vendre plus. C’est manifestement un regroupement de proches avant tout, même si ?uestlove reconnait que « …nous utilisons les même sarmes que les autres ». Les scéances d’enregistrement devraient commencer juste après les Grammy Awards.

PUBLIC ENEMY – Public Enemy a lancé sa propre radio on line le 29 janvier. « bringthenoise.com » émet depuis New York et est évidemment orienté vers le rap. La 1ère émission était un show animé par Chuck D. Le but avoué de bringthenoise.com est de concurrencer les grosses stations de radio black aux Etats Unis, contrôlées, selon Chuck D, par l’industrie du disque. »Je sais que ça peut sonner bizarre, mais nous refusons de payer pour la diffusion », commente l’impétueux MC, « Savez vous que les directeurs de la programmation aux USA se font payer des Mercedes pour programmer certains titres? Les temps changent et ils n’obtiendront pas un cent de ma part. (…) Tout est basé sur la communication, mais si vous ne pouvez pas communiquer parce que vous n’en avez pas les moyens, les gens vont devenir des robots seulement capables de consommer dans un système contrôlé ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que Chuck D n’a pas perdu sa légendaire verve.